Denis de grossesse : les causes et signes à connaitre
Le déni de grossesse est un phénomène psychologique complexe où une femme enceinte ignore ou refuse inconsciemment sa grossesse. Ce trouble concerne environ 1 grossesse sur 500, dont 38% sont des dénis totaux. Comprendre ses causes et ses signes est crucial pour une prise en charge adaptée.
Comprendre le déni de grossesse
Le déni de grossesse est un phénomène psychologique complexe qui touche environ 1 grossesse sur 500. Il se caractérise par une non-reconnaissance inconsciente de l’état de grossesse par la femme enceinte, malgré les changements physiologiques qui s’opèrent dans son corps. Ce mécanisme de défense psychique empêche la femme de prendre conscience de sa grossesse, parfois jusqu’à l’accouchement.
Types de déni de grossesse
On distingue deux formes principales de déni de grossesse :
- Le déni partiel : la femme prend conscience de sa grossesse après le premier trimestre, généralement entre la 14e et la 20e semaine d’aménorrhée.
- Le déni total : la grossesse n’est découverte qu’au moment de l’accouchement. Ce cas de figure représente environ 38% des dénis de grossesse.
Un phénomène sous-estimé
Le déni de grossesse est un phénomène plus fréquent qu’on ne le pense. Selon les études, il concernerait entre 1 grossesse sur 475 et 1 grossesse sur 2500. Cette grande variabilité s’explique par la difficulté à diagnostiquer et à recenser les cas de déni, notamment lorsqu’ils sont partiels. En France, on estime qu’environ 1600 à 1800 femmes sont concernées chaque année.
Mécanismes psychologiques du déni
Le déni de grossesse résulte d’un mécanisme de défense psychique inconscient. Le cerveau de la femme « refuse » d’intégrer l’information de la grossesse, ce qui entraîne une absence de reconnaissance des signes physiques habituels. Ce phénomène peut s’expliquer par différents facteurs :
- Une grossesse non désirée ou survenant dans un contexte difficile
- Des traumatismes antérieurs liés à la sexualité ou à la maternité
- Une immaturité psychologique ou une peur intense de devenir mère
- Un contexte social ou familial défavorable à l’idée d’une grossesse
Conséquences physiologiques du déni
Le déni de grossesse a des répercussions sur le corps de la femme. Dans de nombreux cas, les transformations physiques habituelles sont atténuées ou absentes :
- Le ventre reste plat ou peu développé, le fœtus se positionnant différemment
- Les seins ne se modifient pas ou peu
- Les règles peuvent persister de façon irrégulière
- Les mouvements du fœtus ne sont pas perçus ou sont mal interprétés
Ces particularités physiologiques contribuent à maintenir le déni en place, rendant la prise de conscience de la grossesse encore plus difficile pour la femme concernée.
Prise en charge et accompagnement
La prise en charge du déni de grossesse nécessite une approche pluridisciplinaire, associant gynécologues-obstétriciens, sages-femmes, psychologues et travailleurs sociaux. L’objectif est d’accompagner la femme dans la reconnaissance de sa grossesse et dans la préparation à la naissance, tout en tenant compte des facteurs ayant conduit au déni. Un suivi psychologique est souvent indispensable pour aider la mère à créer un lien avec son enfant et à surmonter les difficultés liées à cette situation particulière.
Les signes d’un déni de grossesse
Le déni de grossesse se caractérise par une absence remarquable des signes habituels de grossesse, rendant le diagnostic particulièrement complexe. Cette situation peut perdurer jusqu’à un stade avancé de la gestation, voire jusqu’à l’accouchement dans certains cas. Comprendre les manifestations atypiques du déni de grossesse est crucial pour mieux appréhender ce phénomène.
Absence des symptômes classiques
Dans un déni de grossesse, les signes typiques d’une grossesse sont soit totalement absents, soit très atténués :
- Nausées et vomissements : Ces symptômes, généralement associés au premier trimestre, sont inexistants ou minimes.
- Aménorrhée : Contrairement aux idées reçues, certaines femmes continuent d’avoir des saignements ressemblant à des règles.
- Prise de poids : La prise de poids est souvent négligeable ou inexistante.
- Modification de la silhouette : Le ventre ne s’arrondit pas de manière visible.
- Sensibilité mammaire : Les seins ne présentent pas de changements notables.
Signes trompeurs et interprétations erronées
Certains signes peuvent être présents mais mal interprétés :
- Fatigue : Attribuée au stress ou à un surmenage professionnel.
- Légère prise de poids : Associée à un changement d’alimentation ou de mode de vie.
- Troubles digestifs : Confondus avec des problèmes gastriques ou intestinaux.
Persistance des règles apparentes
Dans environ 30% des cas de déni de grossesse, des saignements réguliers persistent, pouvant être confondus avec des menstruations. Ces saignements, moins abondants que des règles normales, contribuent à maintenir l’illusion d’un cycle menstruel régulier.
Adaptation physiologique particulière
Le corps s’adapte de manière inhabituelle à la grossesse :
- Position du fœtus : Il se place souvent en position verticale, le long de la colonne vertébrale, limitant ainsi la proéminence abdominale.
- Tonus musculaire : Les muscles abdominaux restent toniques, masquant le volume utérin.
- Mouvements fœtaux : Ils sont peu perceptibles ou interprétés différemment (problèmes digestifs, gaz).
Difficultés de perception et d’interprétation
La femme en déni de grossesse ne parvient pas à interpréter correctement les signaux de son corps :
- Dissociation psycho-corporelle : Le cerveau « refuse » d’intégrer les informations liées à la grossesse.
- Absence de préparation psychologique : La femme n’est pas dans un état d’esprit propice à reconnaître les signes de grossesse.
- Contexte de vie : Des situations stressantes ou des changements importants peuvent détourner l’attention des modifications corporelles subtiles.
Ces particularités rendent le déni de grossesse particulièrement difficile à détecter, tant pour la femme elle-même que pour son entourage et les professionnels de santé. Une vigilance accrue et une écoute attentive sont nécessaires pour identifier ces situations atypiques.
Les causes possibles du déni de grossesse
Le déni de grossesse est un phénomène complexe dont les causes sont multifactorielles. Bien que chaque situation soit unique, certains facteurs psychologiques et physiologiques semblent jouer un rôle prépondérant dans l’apparition de ce trouble. Comprendre ces mécanismes permet de mieux appréhender ce phénomène encore mal connu et d’améliorer sa prise en charge.
Le trouble de la gestation psychique
Le déni de grossesse est considéré comme un trouble de la gestation psychique. Le psychisme de la femme enceinte adopte une stratégie de défense inconsciente qui empêche la prise de conscience de l’état de grossesse. Ce mécanisme psychologique bloque la perception des changements corporels habituellement associés à la grossesse.
Selon le psychiatre Benoit Bayle, ce déni protège le psychisme de la femme d’une réalité trop difficile à accepter ou à intégrer. L’inconscient « efface » en quelque sorte les signes de la grossesse pour préserver l’équilibre psychique de la personne.
Les traumatismes et conflits psychiques non résolus
Des traumatismes antérieurs ou des conflits psychiques non résolus peuvent favoriser l’apparition d’un déni de grossesse. Il peut s’agir :
- D’abus sexuels subis dans l’enfance
- De violences physiques ou psychologiques
- D’un deuil non fait
- D’une relation conflictuelle avec sa propre mère
- D’un rapport problématique à la sexualité ou à la féminité
Ces expériences douloureuses peuvent empêcher la femme d’investir psychiquement sa grossesse et son futur rôle de mère.
L’angoisse liée à la maternité
Une forte angoisse face à la perspective d’être mère peut conduire au déni de grossesse. Cette angoisse peut avoir diverses origines :
- Peur de ne pas être à la hauteur
- Crainte de perdre son autonomie
- Appréhension face aux changements corporels
- Inquiétudes financières ou professionnelles
Le déni agit alors comme un mécanisme de protection face à ces angoisses envahissantes.
Les facteurs de risque contextuels
Certaines situations de vie augmentent le risque de déni de grossesse :
Les agressions sexuelles
Une grossesse résultant d’un viol ou d’une agression sexuelle peut être niée par la victime comme moyen de se protéger psychologiquement du traumatisme subi.
Les contextes familiaux difficiles
Un environnement familial instable, violent ou dysfonctionnel peut favoriser le déni comme mécanisme d’adaptation à une situation complexe.
Les grossesses rapprochées
Des grossesses survenant à intervalles très courts peuvent parfois conduire à un déni, notamment si la femme se sent dépassée par la situation.
La croyance en sa stérilité
Les femmes pensant être stériles, suite à un diagnostic médical ou des tentatives infructueuses de conception, sont plus susceptibles de nier une grossesse inattendue.
Les facteurs physiologiques
Bien que les causes psychologiques soient prédominantes, certains facteurs physiologiques peuvent contribuer au déni de grossesse :
- Des cycles menstruels irréguliers rendant difficile la détection d’un retard de règles
- Une prise de poids minime due à la position particulière du fœtus
- L’absence de nausées et autres symptômes classiques de grossesse
Ces particularités physiologiques, combinées aux mécanismes psychologiques, renforcent le déni en masquant les signes habituels de grossesse.
Conséquences et prise en charge du déni de grossesse
Le déni de grossesse peut avoir des conséquences importantes sur la santé physique et mentale de la mère et de l’enfant. Une prise en charge adaptée est essentielle pour minimiser les risques et accompagner au mieux les femmes concernées. Examinons en détail les répercussions potentielles et les modalités de diagnostic et de suivi médico-psychologique.
Conséquences potentielles du déni de grossesse
Risques pour la mère
L’absence de suivi prénatal expose la femme à divers dangers :
- Complications obstétricales non détectées (pré-éclampsie, diabète gestationnel, etc.)
- Accouchement inopiné, parfois dans des conditions précaires
- Hémorragie du post-partum par défaut de prise en charge
- Choc psychologique lors de la découverte tardive de la grossesse
- Difficultés d’attachement avec le nouveau-né
Risques pour l’enfant
Le fœtus puis le nouveau-né peuvent également subir des conséquences néfastes :
- Prématurité et petit poids de naissance
- Malformations non dépistées pendant la grossesse
- Souffrance fœtale aiguë lors d’un accouchement non assisté
- Défaut de soins immédiats à la naissance
- Troubles de l’attachement précoce
Diagnostic et prise en charge médicale
Moyens de détection
Malgré l’absence de signes cliniques évidents, certains examens permettent de révéler une grossesse méconnue :
- Test urinaire de grossesse : toujours positif même en cas de déni
- Dosage sanguin des β-HCG
- Échographie obstétricale : visualisation directe du fœtus
- Examen gynécologique : perception de l’utérus gravide
Suivi médical renforcé
Une fois le diagnostic posé, un accompagnement pluridisciplinaire s’impose :
- Bilan obstétrical complet en urgence
- Dépistages et examens prénataux accélérés
- Surveillance rapprochée de la grossesse
- Préparation à l’accouchement intensifiée
- Hospitalisation si besoin pour sécuriser la fin de grossesse
Prise en charge psychologique
Accompagnement de la mère
Un soutien psychologique adapté est primordial pour aider la femme à :
- Intégrer psychiquement sa grossesse
- Gérer le choc émotionnel de la découverte
- Préparer l’arrivée de l’enfant
- Favoriser l’attachement mère-enfant
- Prévenir une dépression du post-partum
Suivi de l’enfant
Une attention particulière est portée au développement psycho-affectif du nourrisson :
- Observation des interactions précoces
- Dépistage des troubles de l’attachement
- Stimulation si besoin
- Suivi pédopsychiatrique prolongé
La prise en charge globale et personnalisée d’un déni de grossesse nécessite une collaboration étroite entre obstétriciens, sages-femmes, psychologues et pédiatres. L’objectif est d’accompagner au mieux la dyade mère-enfant pour favoriser un bon développement psycho-affectif malgré ce début de vie atypique.
L’essentiel à retenir sur le déni de grossesse
Le déni de grossesse reste un phénomène méconnu nécessitant une meilleure sensibilisation du grand public et des professionnels de santé. Une détection précoce et une prise en charge adaptée peuvent grandement améliorer le pronostic pour la mère et l’enfant. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour mieux comprendre ce trouble et développer des stratégies de prévention efficaces.
Questions en rapport avec le sujet
Quels sont les signes d’un déni de grossesse ?
une absence de nausées et vomissements ; il n’y a aucun retard de règles (aménorrhées), et les saignements de début de grossesse peuvent être confondus avec les règles ; pas de seins gonflés et sensibles ; pas de fatigue inhabituelle ;
Comment se douter d’un déni de grossesse ?
La particularité d’un déni de grossesse est qu’au lieu d’avoir des symptômes, celui-ci est caractérisé par l’absence des symptômes courants d’une grossesse : Pas de retard de règles : l’arrêt des règles est le premier symptôme qui laisse penser qu’une femme puisse être enceinte.
Quelle est la cause du déni de grossesse ?
La cause principale du déni va être psychologique. Les femmes touchées par ce phénomène sont notamment des femmes qui ne veulent pas tomber enceintes suite à une relation sexuelle, et leur inconscient créé un déni défensif qui s’exprime sur le corps et arrive à prendre pas sur la réalité.
Quelles sont les causes d’un déni de grossesse ?
Les facteurs qui peuvent provoquer un déni de grossesse peuvent-être : l’ambivalence du désir d’enfant, le rapport au corps, des éventuels traumatismes passés ou actuels, des conflits psychiques non résolus, etc. Le déni de grossesse, selon le psychiatre Benoit Bayle, va protéger le psychisme de la femme.